► skeeter heltington ft katy perry

▲ ▲ things we don't talk about, better do without

Voilà, ils étaient tous rassemblés dans la petite salle de fête du lycée Abbeyhill de Camberra. Habillés d'une toge, bleue pour les garçons, blanche pour les filles, un chapeau carré sur leurs têtes encore remplies de toutes ces années d'étude, attendant impatiemment leurs diplômes de fin de parcours. Demain, ils partiraient chacun de leur côté, se diraient adieu, farewell my friend, il y aurait des effusions mouillées de larmes, on se répéterait inlassablement qu'on n'allait pas se perdre de vue. Ils avaient tous une boule dans la gorge, malgré que leurs pensées soient tournées vers l'avenir, imaginant leur futur brillant, leurs amours à venir, fiers d'être arrivés jusqu'ici et fiers de partir demain pour des universités prestigieuses. Ils n'envisageaient pas une seconde que leurs rêves se brisent un jour. Skeeter, la plus souriante du groupe, la plus excitée, aussi, était à deux milles lieux d'appréhender la possibilité infime qu'on arrête son élan auréolé de gloire. Elle tapotait furieusement le pupitre devant elle, attendait que la principale aie finit son discours pour qu'elle puisse à son tour lever le bras et haranguer non sans humour sur leurs destins à tous. Elle bailla discrètement. Madame Guidance lui fit signe de commencer et, aussitôt, elle s'anima, bougea du corps, des bras, cita deux fois Washington, une fois Roosevelt, Aragon aussi, prit à parti les anciens élèves et les encouragea avec passion à poursuivre leurs rêves jusqu'à pouvoir les toucher du doigt. Fascinés, ils l'écoutaient, hochaient la tête, l'approuvaient. Ce n'était pas pour rien qu'elle tenait le journal de l'école, et qu'elle avait été désignée pour ce discours : elle possédait un charisme qui charmait tout autant qu'il envoûtait, on restait suspendue à ses lèvres quand elle ouvrait la bouche. Enfin, on l'applaudit et on jeta les chapeaux en l'air, elle accompagna le mouvement puis reparti s'asseoir alors qu'on appelait les diplômes chacun à leur tour pour leur donner ce morceau de papier illusoire, mais tellement symbolique. La distribution fut terminée, on se congratula, on rejoignit sa famille en essuyant une quarantaine de baisers humides de la part de tante Bertha, et c'était parti pour deux heures dans un restaurant cinq étoiles que les parents tenaient à nous offrir pour "fêter l'évènement".
Seule Skeeter était restée en retrait, extravagante jusqu'au bout. Elle, son père était en voyage au Brésil pour ses affaires et sa mère en voyage à Paris pour la même raison. Ils n'avaient même pas pris la peine de l'appeler pour la féliciter. Doucement, la jeune femme sentit son coeur se contracter douloureusement, mais elle tint bon contre les larmes. Son petit ami, Garrett, s'approcha et l'attrapa amoureusement par la taille pour l'embrasser dans le cou. "Tu vas bien ?" s'enquit-il gentiment en ayant aperçu son malaise. Elle força un sourire à faire son apparition et déclara "Ne t'inquiètes pas pour moi, tu devrais aller voir ta famille ils t'attendent ! On se voit tout à l'heure à la fête ...". Il se plaça face à elle pour regarder ses yeux et insister "Tu es sûre ? Je peux rester avec toi, si tu préfères...". Skeeter fut tentée d'accepter, mais en voyant les parents de Garrett attendre leur fils avec tant de tendresse dans les yeux, elle planta un baiser sur les lèvres du concerné et le rassura "Vas-y, j'ai prévu quelque chose de toute façon...".

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"Mademoiselle Heltington ?" le médecin entra dans la pièce en tenant entre ses mains une radio de son corps. Les jambes croisées, et la main dans celle de Garrett qui avait tenu à l'accompagner, elle attendit le verdict. "Elle même" s'annonça t-elle avec un petit sourire confiant. Peut-être que si elle y croyait suffisamment longtemps et suffisamment fort, elle pourrait oublier les terribles douleurs au ventre qu'elle avait depuis quelques temps. "Alors ?" s'enquit-elle tandis que le gynécologue s'asseyait à son bureau. Ce dernier eut un air désolé alors qu'il tendait la radio à sa patiente, sans mot dire. Étonnée, elle regarda la photo sans rien déceler d'étrange, et elle demanda au bout d'une minute d'observation minutieuse "Alors ? Qu'est-ce que j'ai ?". Il pinça ses lèvres "Il semblerait que vous ayez un cancer des ovaires. Cependant, vous avez de la chance, il n'est pas encore très développé.". Elle se figea sur sa chaise. Un cancer? A son âge ? Elle avait tout juste dix-neuf ans et terminait sa première année de sciences politiques. A ses côtés, Garrett s'agripa à sa main avec tellement de force qu'elle laissa échapper un cri de douleur. Il se tourna vers elle avec un sourire désolé, puis s'enquit "Excusez moi... Docteur ... Faudra t-il faire une chimiothérapie? Est-ce qu'il s'agit d'un cancer à risques ? Est-ce qu'elle peut en ...". Sa voix se brisa et Skeeter baissa les yeux. Le grand mot : mourir. Le docteur répondit gravement "Un cancer n'est certainement pas quelque chose à prendre à la légère et non-traitée, elle va mourir. Mais la science actuelle guérit plutôt bien ce cancer, et il a été détecté assez tôt. Vous allez donc faire de la chimiothérapie pour réduire la masse, et ensuite nous ferons une intervention. Aie-je répondu à vos questions ?" la brune hocha la tête et balbutia "Je crois qu'il serait préférable que je revienne une autre fois ... seule ...". Son interlocuteur lui lança un regard compréhensif et se leva pour leur serrer la main et leur souhaiter bon courage. Deux minutes plus tard, la jeune femme s'enfuyait en courant de la clinique, tentant de cacher ses larmes. Garrett essaya tant bien que mal de la suivre, mais il la perdit de vue et abandonna après dix minutes de recherche, décidant qu'elle devait passer du temps seule et que c'était normal. De son côté, elle réfléchissait et ses pensées se ponctuaient régulièrement d'un reniflement déprimé. Il n'était pas question que son petit ami assume sa maladie, il était jeune et il n'avait certainement pas à en subir les conséquences. A peine l'idée se fut elle formée dans sa tête qu'elle se décida : elle partirait au plus vite pour s'éloigner de son ancienne vie, et plus que tout de Garrett. Quitte à mentir.
Le lendemain, quand le garçon passa à l'appartement, il le trouva vide, et apprit plus tard qu'elle s'était désinscrite de l'université. Et enfin, il écouta sa messagerie et fit tomber son portable .
"Allo, Garrett ? Je suis vraiment désolée ... Ca fait pas mal de temps que j'essaye de te le dire, mais je n'ai pas trouvé le courage. Voilà, j'ai rencontré quelqu'un, et j'ai décidé d'aller habiter avec lui en Europe, à Paris pour être exacte. Je pars demain. Le cancer n'y est pour rien, il n'a fait que renforcer ma détermination. J'aimerais ... j'aimerais juste que tu saches (sa voix faiblit) que je t'aime et que tu auras toujours une place dans mon cœur. Je te souhaite le meilleur, parce que s'il y a bien quelqu'un qui mérite d'être heureux, c'est toi et ... (rires) Oh c'est idiot, je pleurs maintenant. Voilà. Tu vas me manquer. J'espère que tu rencontreras une fille sympa qui t'aimera pour tout ce que tu es, inconditionnellement, le genre de femme à qui tu tiendras la main en regardant des couchers de soleil jusqu'à ta mort. Je m'excuse de ne pas être cette femme, j'y ai vraiment cru, pourtant. Vraiment."

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"Ca va, tu t'en sors ?" demanda gentiment Casey, d'habitude d'un mordant naturel mais qui avait oublié provisoirement d'être désagréable. "Je passais dans les environs, donc je me suis dis que je pouvais te rendre visite." Skeeter leva les yeux au ciel et la laissa entrer en ricanant "On habite dans le même immeuble, Cas', tu peux aussi dire que tu avais envie de me voir pour t'assurer que j'allais bien. Je t'assure, je ne raconterais à personne qu'il t'arrive d'avoir un coeur.". Son amie rit et insista "Tu vas bien alors ? Tu n'as pas répondu.". La brune s'assit lourdement sur son canapé "Je m'en sors, j'essaye de ne pas trop y penser sinon je vais tomber dans le mélodrame, et tu sais Ô combien je suis portée sur le self-apitoiement." elle fit un signe en direction de la fenêtre qui filtrait les rayons du soleil "De toute façon, comment déprimer avec un temps aussi radieux ?" fataliste, elle perdit son regard sur la bay Lavender, avant de demander à son tour d'un ton plus joyeux "Et toi ? Tu t'amuses bien ? Parles moi un peu de ta vie, ça me changera les idées ..". Aussitôt, Casey s'anima et raconta à grand renfort de cris, de rires, sa vie en colocation avec Charlotte, ses déboires du quotidien, ses études, son job, elle cita en riant cette fameuse soirée où elle avait fait tomber un verre exprès pour dissimuler un lapsus devant son ex, et se plaignit de sa meilleure amie qui avait une grande tendance à laisser traîner des strings partout, rappelant la période où Ethan habitait encore avec elles et faisait la même chose ... avec ses préservatifs usagés "Ce qui était vraiment répugnant, tu vois ? Le pire, c'était son maillot moule-bite (pas moules frites ) qu'il avait acheté au salon du X, il se baladait presque à poil dans l'appartement avec juste ça sur le dos ... C'était traumatisant, mes pauvres yeux ne s'en sont jamais remis.". Skeeter éclata de rire, sachant pertinemment que s'il y avait bien quelque chose dont les yeux ne pouvaient pas se remettre, c'était le formidable postérieur du jeune homme "On pourrait le regarder, hypnotisées, pendant des heures et des heures" commenta Casey. La journaliste acquiesça et se prit à regretter le temps ou Ethan habitait avec ses amies, certes leur relation n'était pas au beau fixe mais il avait le mérite de l'amuser. Au même titre que Casey qui n'avait aucun mal à lui changer les idées quand elle venait. Finalement, cette dernière se leva et annonça qu'elle devait y aller. Skeeter sourit, la raccompagna jusqu'à la porte puis la serra dans ses bras en soufflant "Merci d'être là, Cassou.". C'est dans ces moments là que l'on sait qui sont nos véritables amis, songea Skeeter. Beaucoup de ses connaissances avaient manqué à l'appel, lorsqu'elle avait attrapé son téléphone pour chercher un quelconque soutient moral. L'appareil sonne alors bien trop souvent dans le vide et le silence d'une oreille indifférente.

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Le 03/10/2008
La peur, c'est un sentiment qui ne vous quitte jamais vraiment. Ça peut vous prendre dans les moments les plus banals, mais aussi le soir dans notre lit, dans ces rares instants de trop grande tranquillité avant le sommeil. Mais d'où vient-elle, cette peur ? Est-ce la solitude, la mort, la culpabilité, la révélation soudaine de nos rêves qui ne se réaliseront pas et de notre vie qui n'est pas aussi jolie qu'on aimerait le croire? Parfois, je voudrais arracher la racine de mon humanité pour la jeter au feu. Ne plus avoir peur, ne serait-ce pas le plus incroyable des dons ? Oublier mes limites, oublier cette existence éphémère, oublier qu'on n'est qu'un grain de sable dans le désert. J'ai peur, à chaque heure, chaque minute, chaque seconde de ma vie. Et cela ne s'arrête jamais, ça fait parti de mon corps, comme une greffe, présente et bruyante, qui cri "Je suis ici ! Je suis ici !" alors que tout ce que je souhaite, c'est l'ignorer et continuer à avancer dans ce monde qui ne tourne pas rond.
Skeeter

PS : je hais la douleur. Elle me fait écrire des choses stupides

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L'incident avait eu lieu au parc botanic de Sydney, endroit que Skeeter adorait car, plus que tout, elle aimait les grands espaces verts. De temps à autre, elle y venait pour nourrir les cacatoès, attirant une foule d'enfants autour d'elle. Et c'est exactement ce qu'elle faisait, en cette belle journée de printemps, riant tandis qu'un oiseau blanc montait sur son épaule gauche en tentant de chiper un pop-corn. Faye l'accompagnait, tendant le bras pour caresser la tête jaune du piaf. Elles plaisantaient toutes les deux, commentant leur vie sentimentale déserte alors qu'un jeune couple s'approchait d'elles, main dans la main. "Je hais les couples" se plaignit Skeeter en faisant la moue, et la blonde acquiesça. Elle se retourna pour contempler le sublime spécimen arboresque qui se trouvait derrière elle, et ce n'est que quelques minutes plus tard qu'elle perçut la voix du jeune homme qui accompagnait une femme plutôt petite, ne pouvant s'empêcher d'en reconnaître les tonalités. Alors qu'elle s'apprêtait à pencher la tête pour voir le visage du garçon, Faye l'arrêta "Je serais toi, je ne regarderais pas les personnes qui sont derrière moi. Tu n'as pas envie de savoir, je t'assure...". Elle avait un ton suppliant qui attisa la curiosité de la brune. Cette dernière ne put s'empêcher de s'offrir une vue du couple et sentit son cœur se briser en mille éclats dans sa poitrine. C'était Garrett, son amour de jeunesse. Garrett, qui riait aux éclats avec sa fiancée, comme s'il n'y avait rien de plus naturel au monde que de lui tenir la main, et de remettre une mèche des cheveux de la fille derrière son oreille, en un geste si tendre que Skeeter en eut un haut le cœur. Certes, elle aurait du s'y attendre, bien sûr qu'il allait refaire sa vie, cela faisait trois ans qu'elle n'avait pas donné de nouvelle et son message avait définitivement brisé l'innocence de leur relation. Mais concrétiser cette idée par des images, après n'avoir pu s'empêcher d'espérer qu'il l'attende, ravivait des douleurs sourdes dans tout son corps. Elle tenta de se dérober au regard du brun en s'absorbant dans la contemplation d'une fleur rouge qui avait jaillit du sol humide, mais trop tard, elle avait capté les iris incandescentes du jeune homme ... Il l'avait reconnue. Skeeter attrapa le bras de Faye pour la traîner après elle et partir aussi vite que possible loin du regard perçant de son ex. Mais c'était trop tard, et elle l'entendit dire à sa petite amie "Attends, je viens de reconnaître une ancienne connaissance, je dois lui parler" et il partait à sa suite. Quoi ? Une ancienne connaissance ? Une bile amère envahit sa bouche. Elle n'était donc plus que ça, l'ombre effacée de Skeeter, la copine qui avait déserté pour un autre imaginaire. Faye, toujours prompte à réagir, se libéra de l'étreinte des doigts de la brune "Je pense que tu dois lui parler, Skitty. Depuis le temps que tu me parles de lui, tu as des explications à lui faire." et elle s'éloigna pour aller faire la discussion à un groupe de touriste. Têtue, Skeeter continua son chemin sans se retourner, mais cette fois la douceur de doigts bien trop familier l'empêchèrent de marcher "Attends, Skeet' ! Tu ne vas pas t'enfuir de ma vie à nouveau tout de même ?". Elle perçut dans sa voix un tel abandon qu'elle ne put s'empêcher de plonger ses yeux de glace dans ceux de Garrett. Elle cracha, non sans une once de méchanceté dans la voix "De toute façon, ça fait bien longtemps que je n'ai plus de place dans ta vie. Tu as trouvé mille fois mieux, à ce que je vois ...". Il sembla stupéfié et lâcha aussitôt le bras de Skeeter, qui regretta son contact de même qu'un drogué regrette sa drogue "De quoi tu parles, Skeeter ?". Son ton se faisait plus dur, et il continua "C'est toi qui a décidé de partir de ma vie, c'est toi qui m'a quitté pour un autre, de quoi tu parles ?". Elle déglutit péniblement "Tu as raison. Tout est de ma faute. Mais ne me demande pas d'explications, il ne vaut mieux pas remuer les souvenirs, ils appartiennent au passé.". Il leva les yeux au ciel et s'exclama "Allons bon ! Je t'ai cherché pendant un an dans tout Paris, j'ai attendu ton retour comme un con pendant quatorze mois ... J'ai le droit à des explications.". Elle soupira. Il avait raison, mais ce n'était pas le bon moment, ni le bon endroit. Il était fiancé, sa bague l'attestait, elle ne pouvait pas se permettre de tout dévoiler maintenant. Mais l'insistance de son regard la pressait et elle finit par admettre, mal à l'aise "Je ne suis pas partie pour un autre, il n'y a jamais eu que toi.... Imbécile ! Je suis partie parce que tu étais trop jeune pour t'occuper de mon cancer, c'était mon combat, c'était ..." il la coupa sèchement, la secouant comme un prunier "De quel droit as-tu fais ce choix pour nous deux ? De quel droit, Skeeter ? J'aurais été là pour toi. Je ne voulais que ça, te prouver Ô combien je t'aimais. Qu'est-ce que j'ai pu avoir l'air bête, quand tu m'as quitté ! Je tournais en rond dans mon appartement, et je me réveillais la nuit en pensant que tu m'avais appelé, alors que ce n'était qu'un rêve. Ce que tu peux être stupide, Skeet !". Il l'observa de plus près et elle sentit le souffle de son ancien amant caresser sa joue. Elle frissonna. "Je suis désolée. J'ai pensé que c'était une bonne idée, sur le moment, je ne voulais pas te créer du tord." elle passa une main dans ses cheveux qui lui arrivait au dessous de l'oreille. Un sourire éclaira le visage de Garrett "Tu es guérie, n'est-ce pas ? Tes cheveux sont en train de repousser. Tu es guérie." elle hocha la tête, des larmes d'émotion au bord des paupières, comme si elle avait voulut garder ces larmes pour lui, les lui dédier comme un dernier gage de leur amour déchu. Il les recueillit de manière religieuse, du bout des doigts, et chuchota la voix enrouée "J'habite à Sydney maintenant et ... Putain ... J'ai toujours pensé que je ne ressentais plus rien pour toi, je m'en suis persuadé du moins ... Mais quand je te vois ..." il se pencha et laissa sa main errer dans la chevelure de la jeune femme ".... J'ai juste envie de t'embrasser ...". Il illustra ses paroles en touchant tendrement de ses lèvres la bouche de la jeune femme, approfondissant progressivement le baiser. Elle se laissa submerger par ce flot de sensation, ayant oublié ce que cela faisait d'embrasser quelqu'un qu'on aimait vraiment. Puis, elle le repoussa "Ce n'est pas possible, Garrett. Tu as quelqu'un. Vous avez l'air heureux. Toi et moi c'est finis, on ne l'a juste pas dis avec les bons mots. S'il te plaît, pardonnes moi. Et garde ton bonheur, car c'est souvent au son de ses pas quand il s'en va qu'on réalise ce que l'on a perdu.". Elle partit rejoindre Faye sans un regard en arrière, et murmura à l'oreille de cette dernière "Il faut parfois s'éloigner des gens qu'on aime pour se rendre compte d'à quel point ils nous manquent"...

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Une douce chaleur régnait dans l'appartement. On n'entendait plus un bruit, et Skeeter sentit qu'elle allait profiter d'une bonne nuit de sommeil pour la première fois depuis qu'elle avait revu Garrett. Doucement, sa respiration se tranquillisa, elle ferma les yeux et se roula en boule en serrant sa peluche contre elle. Tout était parfait. Au loin, on entendait les bruits de la ville, et cette musique la berça alors qu'elle se sentait enfin tomber dans les brumes du rêve. Tout était calme. Soudain, un hurlement déchira la nuit. Puis deux. Puis trois. Et cela ne semblait pas s'arrêter. Skeeter, réveillée aussitôt, releva la tête en envoyant des éclairs par le regard à travers le mur cloisonné. Elle rugit, furax "PUTAIN JAGGIE, SI TU NE FAIS PAS TAIRE TON GOSSE JE LUI DONNE TOUS LES SOMNIFERES QUE J'AI ACHETE DEPUIS QU'IL EST LA !". Elle entendit une réponse entrecoupée de jurons "Ca va, ça va ... J'y vais. Pas la peine de t'énerver pour ça, il a que douze mois hein !". Elle enfouit sa tête sous l'oreiller en gémissant. Pourquoi ... POURQUOI avoir accepté un jeune père célibataire ? Jagger s'en sortait comme un pied avec Soren, le nouveau né. Ce dernier, d'ailleurs, avait pris Skeeter en grippe et braillait dès qu'elle avait le malheur d'entrer dans son champ de vision. En même temps, ce n'était pas vraiment sa faute si elle avait mis le feu au doudou du petit, si ? Et l'abominable combinaison rose qu'elle l'avait obligé à porter (au grand dam de son père) n'y était pour rien, après tout un bébé n'est pas censé avoir bon goût ! Comment aurait-elle pu deviner qu'il n'aimait pas les frites, quand elle avait du garder le temps d'une après midi à la demande du jeune homme ? Non, vraiment, elle était bien trop généreuse pour son propre bien. Et cet enfant lui empoisonnait la vie VOLONTAIREMENT. Qui ... Qui avait bavé sur sa robe Gucci alors qu'elle s'apprêtait à se rendre au nouvel an de sa chaîne de télévision ? QUI avait tenté de jeter Nounours par la fenêtre quand elle avait le dos tourné ? QUI avait vomi dans son lit ? Raah. Finalement, au comble du désespoir et parce que les cris ne s'arrêtaient pas, elle se décida à se lever pour entrer dans la chambre de Jagger, qui s'était rendormi comme une masse. Hors d'elle, Skeeter attrapa un oreiller, fut tenté de l'étouffer avec mais se contenta de l'envoyer dans l'espèce de cadavre agonisant qui bavotait sur sa couverture. "JAGGER" l'apostropha t'elle en un cri strident. Déjà, les voisins tapaient contre les murs en leur criant de faire moins de bruit et de faire taire l'enfant. Elle leva les yeux au ciel, encore plus remontée, et se décida à prendre les choses en main en voyant que le jeune père n'était pas décidé à sortir du lit. S'approchant du berceau, elle tenta de chantonner un chanson à Soren "Fais dodo, Cola mon p'tit frèèèère, fais Dodo, t'auras du loloooo" mais malheureusement, la promesse d'avoir du lolo ne l'aida pas à se calmer et il hurla de plus belle. Elle ronchonna et attrapa le petit ange (ironie) dans ses bras et se dirigea ensommeillée vers la cuisine pour lui préparer un biberon, tout en se promettant de ne jamais avoir d'enfant. Skeeter jura pour elle même que Jagger lui paierait ce service, au prix fort. Elle comptait bien lui faire du chantage pendant un mois après ça. Non mais pour qui la prenait-on ?

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"Bon, Skeeter. Tu as fais ton chemin dans le métier, pas vrai ? Eh bien, avec le staff, on a décidé de te désigner comme présentatrice de la rubrique sportive au 13heures et au 20heures. Tu as un physique parfait pour la télévision, tu es spontanée, tu es intelligente. Si tu t'améliores, tu pourras même prendre la relève de Lee, et tu présenteras le journal. Ca te va ?" l'homme aux cheveux grisonnants rit en voyant la jeune femme ouvrir la bouche et la fermer, gobant de l'air de surprise. Il commenta "C'est la première fois que tu perds ta langue, pas vrai ?". Elle éclata de rire et se jeta dans ses bras "Oh putain, merci, c'est mon rêve ... Si tu savais depuis combien de temps j'attends ça !" mal à l'aise, il lui tapotait l'épaule "Cinq ans, oui je sais, mais tu as été beaucoup plus travailleuse que les trois quarts de tes collègues, et ce malgré ta maladie. Si tu savais, toute l'équipe t'admire pour ta combattivité. Tu n'as jamais abandonné, toujours là aux aurores. On est ravis de t'avoir parmi nous". Elle sourit de toutes ses dents et congratula ses collègues qui ne semblaient même pas jaloux : Son succès était mérité. La jeune femme pensa avec délice à la fête qu'elle ferait avec Faye, ce soir, et au nombre de bouteilles ingurgitées. C'est en cette journée de janvier 2011 que Skeeter comprit qu'elle avait définitivement vaincu son cancer.